L’Espagne et l’Italie, en tant que pays situés aux frontières de l’Union européenne, se trouvent à faire face à une nouvelle phase d’une crise migratoire qui ne fléchit pas. Deux images en particulier sont devenues le symbole d’un problème sans solution : sur la première photo, un bébé sauvé par un membre de la Garde civile espagnole et, sur l’autre, l’acte de réconfort d’une volontaire de la Croix rouge espagnole qui enlace un migrant sénégalais à Ceuta. Elles décrivent et soulignent une manque de mesures européennes efficaces et une situation humanitaire qui s’aggrave.
LES DONNÉES CONCERNANT LA ROUTE CENTRALE ET OCCIDENTALE
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) montre à travers les statistiques publiées sur l'Operational Data Portal (ODP) que 7.523 migrant·e·s sont arrivés en Espagne par la mer entre janvier et mai 2020, alors que ce chiffre s’élève à 9.689 pour la même période en 2021. En ce qui concerne l'Italie, les données présentent un écart majeur, soit 8.878 migrant·e·s en plus par rapport à l’année précédente. En particulier, l’on peut noter une hausse nette et progressive entre 2020 et 2021 : en 2020, les mesures liées à l’épidémie de Covid-19 ont entraîné la fermeture rigide de l’Europe mais à l’approche de l’été et des conditions climatiques plus favorables, le nombre des individu·e·s qui décident de s’embarquer pour un voyage sur ces deux routes dangereuses augmente.
Mercredi 19 mai, à l’occasion d’une interview à la radio publique espagnole, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a affirmé que « Ceuta, c’est l’Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n’est pas le problème de Madrid, c’est le problème de tous », afin de mettre en exergue l’exigence imminente et sans délai d’un projet de coopération effective entre l’Europe et l’Afrique. Dans ce cadre, en effet, les statistiques indiquent que la majorité de migrant·e·s qui arrivent sur les côtes espagnoles et italiennes est issue du Maroc, d’Algérie, de Côte d’Ivoire et de Tunisie, donc des pays qui disposent d’une frontière directe avec l’Europe.
LA QUESTION HUMANITAIRE
Au cours du mois de mai, d’autres photographies ont à nouveau marqué la communauté européenne sur les réseaux sociaux : Oscar Camps, fondateur de l’ONG Open Arms, a publié sur Twitter des images montrant les corps de deux enfants et une femme retrouvés morts sur la plage Zouara en Libye. Les mots qui décrivent ces photos sont encore plus choquants : « Je suis sous le choc de l'horreur de ces images, enfants et femmes qui avaient des rêves et des ambitions. [...] Personne ne se soucie d'eux. ». Même si le jour suivant, à l’occasion du rencontre entre le président Emmanuel Macron et le président du conseil italien Mario Draghi au Sommet européen à Bruxelles, la question migratoire a été au centre du dialogue afin de renforcer la coopération entre les deux pays, les naufrages et les débarquement sont en constante augmentation, tout comme les morts.
En outre, le malaise causé par l’incapacité à gérer la crise humanitaire et le soutien accru aux partis politiques anti-migrants ont exacerbé la situation déjà critique en Italie et en Espagne. Les exemples démontrant cette affirmation se retrouvent, encore une fois, sur les réseaux sociaux où la bénévole de la Croix rouge, Luna Reyes, a été harcelée pour avoir consoler un migrant sénégalais épuisé à cause de la traversée alors qu’au même moment, les policiers et l’armée étaient en train de rejeter les migrant·e·s en utilisant de la violence.
La perspective dans les mois à venir ne semble pas s’éclaircir et, la partie de l’opinion publique qui souhaite et œuvre pour une meilleure protection des migrant·e·s peine à obtenir des résultats.
Anna Orsenigo is a recently graduated in Languages and cultures for international communication and cooperation at University of Milan. Since she has started her university curriculum, she is interested in human rights issues, especially those related with migration, gender and language. In addition to that, Anna has developed a passion for French language and culture but, above all, for French-speaking areas in Africa. Anna is eager to pursue a career in communication, in which she can contribute with a different social perspective.