Des Dizaines De Milliers De Personne Dans La Rue Contre Les Violences Sexistes Et Sexuelles En France

En France, cette année encore, le collectif Noustoutes a appelé au rassemblement et à la protestation contre les violences sexistes et sexuelles. Les samedi 20 et dimanche 21 novembre, plusieurs manifestations ont ainsi eu lieu dans tout le pays, réunissant plusieurs milliers de personnes.

50 000 PERSONNES À PARIS

En France, en 2021, 101 femmes sont mortes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le collectif qui en fait le décompte. Une soixantaine de marches ont ainsi été organisées sur le territoire français pour dénoncer cette réalité.

À Paris, 50 000 personnes (18 000 selon la police) ont défilé depuis la Place de la République jusqu’à Nation. À l’occasion des cinquante ans de la première marche organisée par le Mouvement de libération des femmes en 1971, et en l’absence de marche l’année dernière en raison de la pandémie, le collectif espérait mobiliser en masse. Cependant, la marche a réuni moitié moins de monde que sa dernière édition en 2019.

UNE MARCHE SOUS LE SIGNE DE LA CONVERGENCE DES LUTTES

La manifestation de 2021 a été placée sous le signe de l’intersectionnalité : aux revendications féministes traditionnelles (lutte contre les violences, droit à l’avortement, égalité femmes-hommes, dénonciation des féminicides…) se sont ajouté des mots d’ordre issus de la célébration, le 20 novembre, de la Journée internationale des droits de l’enfant ainsi que de la Journée internationale de la mémoire trans (Trans Day of Remembrance – TdoR).

Ainsi, cette année, c’est la jeune génération, très engagée dans les combats féministes et mobilisée sur les réseaux sociaux, qui a pris la tête du cortège parisien, tandis qu’un espace « enfance » a été mis en place. Ce geste a permis de rappeler que les enfants sont souvent les victimes directes ou indirectes des violences patriarcales et que le combat contre l’inceste et la pédocriminalité est une lutte féministe. Un rappel d’actualité, après l’émergence du mouvement #MeTooInceste et la publication des résultats de l’enquête sur la pédocriminalité dans l’Église. Celle-ci dénombre plus de 200 000 mineurs victimes de clercs depuis les années 1950.

Plusieurs collectifs trans se sont rendus à la marche ainsi qu’au rassemblement TDoR dans la soirée, tandis que d’autres, dénonçant l’invisibilisation de leur cause provoquée par la marche, en étaient absents. De nombreux messages de soutien portés par les manifestant·e·s et les organisateur·ice·s ont appelé à l’adelphité et rappelé que « les femmes trans sont des femmes » et que « la transphobie tue ». 2021 figure en effet parmi l’année la plus meurtrière pour les personnes trans, puisqu’au moins 375 personnes trans ont été assassinées dans le monde cette année.

Peu après la dénonciation des violences gynécologiques et obstétricales subies par des patientes de l’hôpital Tenon, plusieurs groupes d’étudiant·e·s en médecine et de praticien·ne·s ont manifesté pour réclamer une médecine féministe.

UN RAPPEL AVANT L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

À quelques mois de la présidentielle, et alors que le débat politique vire au sécuritaire, cette marche a également été l’occasion de rappeler l’insuffisance des mesures prises pour endiguer les violences sexistes et sexuelles durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, dont la « grande cause » devait être la protection des droits des femmes.

Les organisations féministes exigent qu’un milliard d’euros par an soit consacré à cette lutte, au lieu des 360 millions actuels. Elles demandent également que les politiques publiques mettent l’accent sur la prévention : la formation des professionnels de la justice et de la police aux problématiques féministes, la sensibilisation au harcèlement (32% de femmes ont été victimes de harcèlement sexuel au travail), une éducation sexuelle insistant sur le consentement…

En France, 220 000 femmes sont victimes de violence et 94 000 sont violées chaque année. Des rassemblements auront lieu jusqu’au 25 novembre, journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Sara Chollet est actuellement en Master 2 Droits de l’Homme et droit humanitaire à l’Université Paris II Panthéon-Assas. Elle a précédemment obtenu un Master en Politiques publiques au sein de l’École Normale Supérieure de Rennes. Au cours de son échange universitaire à Åbo Akademi (Finlande), elle s’est spécialisée dans les droits humains et les migrations. Sara s’intéresse particulièrement aux migrations, aux droits des femmes et aux droits des personnes LGBTQI+.

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