Violence, Discrimination Et Inégalité Entre Les Sexes : La Complexe Situation Vecue Par Les Femmes En Turquie

Depuis la décision du 20 mars 2021 prise par le président Recep Tayyip Erdoğan de dénoncer la Convention d’Istanbul et après l’affaire dite du Sofagate concernant la Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Layen, la Turquie semble avoir de sérieux problèmes vis à vis des droits des femmes.

En 2012, la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique signée par la Turquie avait marqué un moment clé pour la nation en ce qu’elle avait été activement soutenue par l’Association Femmes et Démocratie, dont Sümeyye Erdoğan reste la vice-présidente. Aujourd’hui, la situation prend un nouveau tournant sept ans après l’entrée en vigueur de la Convention. Selon les défenseurs du parti au pouvoir, AKP, la volonté de se retirer d’un traité européen contraignant est motivé par le fait que l’objectif principal de la Convention a échoué.

Le porte-parole du président Erdoğan, Fahrettin Altun, a affirmé que les droits des femmes « ont été détourné par un groupe d’individus qui ont tenté de normaliser l’homosexualité », en déformant le message initial du texte, donc la promotion des valeurs de la famille traditionnelle. Même Sümeyye Erdoğan souligne la nécessité de dénoncer la Convention, arguant qu’« elle a désormais perdu sa fonction originelle et s’est transformée en une raison de tensions sociales ».

Ce choix a provoqué nombreux de réactions dans les médias avec l’hashtag #IstanbulConventionSavesLives et a déclenché des manifestations dans les rues d’Istanbul où les femmes réunies ont exprimé leur préoccupation et leur désir de récupérer « [leur] liberté et [leurs] droits ».

Deux semaines plus tard, un autre événement secoue les médias et ajoute à l’indignation quant au respect des droits des femmes en Turquie. Au cours de la rencontre entre le chef d’État turc Erdoğan et les deux représentants européens, Charles Michel (président du Conseil Européen) et Ursula von der Layen (présidente de la Commission Européenne), Erdoğan a délibérément « mis de côté » la présidente von der Layen, en la confinant sur un canapé, loin de lui-même et Charles Michel. Après cet évènement, la présidente s’est définie victime de sexisme, en ajoutant, lors d’un discours aux législateurs européens, « Je suis la première femme à présider la Commission européenne. Je suis la présidente de la Commission. Et j’espérais être traitée comme telle lorsque je me suis rendue en Turquie il y a deux semaines. […] Mais cela n’a pas été le cas, et c’est arrivé parce que je suis une femme. ».

Les données fournies par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont démontré que, en 2019, 38% des femmes subissent actes de violence en Turquie et, en outre, seulement 15% des managers et 14,6% des représentants du Parlement sont des femmes.

Selon plusieurs spécialistes, la raison sous-jacente ce « revirement » est liée au fait que Erdoğan est devenue plus vulnérable d’un point de vue politique et qu’il est en train de récupérer le soutien de la partie conservatrice de l’AKP.

En attendant, la condition des femmes en Turquie s’aggrave, les féminicides augmentent et l’inégalité homme/femme se propage :  quand et comment remédiera-t-on à cette situation ?

49774178_2036342943330450_8033953145707036672_n new - Aqsa Hussain.jpg

Anna Orsenigo is a recently graduated in Languages and cultures for international communication and cooperation at University of Milan. Since she has started her university curriculum, she is interested in human rights issues, especially those related with migration, gender and language. In addition to that, Anna has developed a passion for French language and culture but, above all, for French-speaking areas in Africa. Anna is eager to pursue a career in communication, in which she can contribute with a different social perspective.

LinkedIn